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Les conseils du Pic Vert

Nourrir les oiseaux en hiver

Nous sommes souvent interrogés pour savoir quand il est bon de nourrir les oiseaux sauvages ? Quelles sont les graines et les fruits les plus adaptés ? Comment observer et photographier les oiseaux à la mangeoire sans les déranger ? Trouvez toutes les réponses à vos questions dans cet article.

©Jean-Paul LAUBIÈS

Pourquoi nourrir les oiseaux ?

Monique Luttringer adhérente du Pic Vert et Jean-François Noblet, notre coprésident, vous apportent leurs conseils.
Quand il fait froid, les oiseaux ont besoin d'énergie pour maintenir leur température. Le fait de nourrir les oiseaux les aide même si l'effet sur la mortalité globale est modéré. Le nourrissage a aussi des impacts immédiats bénéfiques : les poussins qui reçoivent davantage de nourriture ont un taux de survie plus élevé. Par ailleurs, cela permet d'observer la faune sauvage près de chez soi, d'avoir le plaisir de montrer des animaux à vos enfants, amis et voisins. Si jamais vous laissez vos mangeoires vides, les oiseaux ne mourront pas de faim, ils iront visiter d'autres jardins ou chercheront des sources de nourriture "naturelles". Il n'y a pas de risque de "trop" nourrir les oiseaux : ils ne mangent que s'ils ont faim, et ils savent s'arrêter !

En Isère, quelles sont les espèces régulières aux mangeoires ?

Accenteur mouchet, Chardonneret élégant, Geai des chênes, Grosbec casse-noyaux, Merle noir, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange nonnette, Moineau domestique, Pic épeiche, Pigeon biset de ville, Pigeon ramier, Pinson des arbres, Pinson du nord, Serin cini, Sittelle torchepot, Tarin des aulnes, Tourterelle turque, Verdier d'Europe... Certaines espèces sont moins communes aux mangeoires : Bouvreuil pivoine, Bruant jaune, Bruant zizi, Étourneau sansonnet, Mésange noire, Mésange huppée, Mésange à longue queue, Moineau friquet, grives... On peut aussi voir des mammifères (Écureuil roux, Mulot sylvestre, Campagnol roussâtre).

Est-ce que le nourrissage pose problème aux oiseaux ?

Dans une étude publiée en avril 2008 intitulée "Food for thought: supplementary feeding as a driver of ecological change in avian populations", les chercheurs Gillian N Robb, Robbie A McDonald, Dan E Chamberlain et Stuart Bearhop expliquent que si l'on connaît bien les effets d'une modification de la disponibilité en nourriture sur le comportement des oiseaux, les impacts de ce comportement généreux sont peu connus. Étonnamment, l'équipe de chercheurs a aussi constaté que l'activité autour des mangeoires n'augmentait pas le risque de prédation par les chats, bien au contraire ! Étant donné la variété des résultats trouvés, G. Robb et S. Bearhop et leurs collègues estiment que des études plus complètes et plus ambitieuses (sur plus de deux ans, sur plusieurs espèces simultanément) devraient être menées, étant donné l'ampleur du phénomène du nourrissage des oiseaux : une enquête menée aux États-Unis en 2003 a en effet révélé que plus de 43% des sondés nourrissaient les oiseaux, et au Royaume-Uni, les sondages indiquent que 75% de la population faisaient de même.
L'expérience du Pic Vert sur les différentes mangeoires hivernales qu'il approvisionne montre que l'Épervier d'Europe a vite compris l'intérêt de venir se nourrir à la mangeoire en capturant des passereaux et qu'il y a un risque de contamination des oiseaux avec la salmonellose. En effet, certains oiseaux (Verdiers d'Europe, Tarins des aulnes, Grosbecs cassenoyaux, Chardonneret élégants) stationnent sur les graines et fientent dedans. Il convient donc de brosser, nettoyer et désinfecter les mangeoires régulièrement et de les remettre en service après séchage pour éviter tout risque d'épidémie.

Quand débuter le nourrissage ?

Inutile de donner à manger quand les températures sont douces. Le mieux est de commencer aux premiers gels et de veiller à l'approvisionnement régulier en cas de neige et de pluies froides.

Quand arrêter le nourrissage ?

Ne pas interrompre brusquement le nourrissage, surtout en cas de temps froid. Arrêter progressivement en fin d'hiver.

Quelle nourriture ?

Les graines les plus appréciées sont riches en lipides (ex : tournesol, chènevis). Un apport en graisses (saindoux, margarine, suif, beurre de cacahuète) fait le régal de beaucoup d'espèces mais il faut éviter les graisses salées. Les grives, étourneaux et merles apprécieront aussi des pommes, des poires, des kakis jetés au sol. Les graines de tournesol attirent de nombreuses espèces, et ont l'avantage d'être faciles à répandre même sur un balcon. Les graines de chardons attireront spécialement les chardonnerets élégants. Les graines de maïs sont les préférées des tourterelles. Les gâteaux de graisse attirent les pics... Mais ne donnez surtout pas de pain !
N'oubliez pas de proposer aux oiseaux un endroit où ils pourront boire de l'eau propre, car il leur est difficile de trouver, surtout quand il gèle, de quoi s'abreuver (même s'ils peuvent aussi manger de la neige). Les oiseaux se baignent pour entretenir leurs plumes : vous pouvez donc aussi penser à placer un bassin peu profond (changez l'eau régulièrement). Cassez chaque jour la glace qui se forme éventuellement. Accéder à notre article "De l'eau pour la faune sauvage".

À propos des mangeoires

Situation

Certains oiseaux préfèrent se nourrir au sol, comme les Moineaux domestiques, les Tourterelles turques, les Accenteurs mouchets, les Étourneaux sansonnets, les Merles noirs... D'autres préfèrent les points de nourrissage élevés, comme les mésanges. En plein centre d'une grande ville, il est aussi possible d'installer des mangeoires sur les rebords des fenêtres et sur les balcons, mais cela peut prendre un peu de temps avant que des espèces comme les mésanges s'y intéressent, surtout si on dépasse le 3ème étage.
Optez pour un emplacement non accessible aux chats et avec des buissons à proximité dans lesquels les oiseaux puissent se réfugier en cas de danger (en cas d'attaque d'Épervier par exemple). Si vous avez des baies vitrées à proximité, veillez à ce qu'elles ne représentent pas un danger pour les oiseaux (plus d'infos).

Modèle

Suivant le type d'espèces que vous souhaitez privilégier, vous pouvez choisir tel ou tel modèle de mangeoire. Les mangeoires à silo sont très appréciées des mésanges entre autres, mais préférez des modèles pouvant contenir au moins 500 grammes de graines, sinon vous risquez de devoir les remplir très fréquemment. Privilégiez les mangeoires solides résistantes au gel, au dégel, au soleil, à la pluie, aux écureuils... Il est donc parfois intéressant de dépenser un peu plus pour être tranquille de longues années. Plusieurs modèles existent, qui séduiront différentes espèces. Les plus courants sont :

  • les plateaux : suspendus ou posés sur un piquet, ils peuvent être munis d'un toit de protection
  • les mangeoires à grille : les oiseaux se servent à travers les mailles qui retiennent graines, noix ou noisettes
  • les distributeurs automatiques : en se postant sur des perchoirs, les oiseaux accèdent à des ouvertures d'où s'écoulent les graines
  • les filets suspendus : ils peuvent être remplis de graines et/ou de graisse (Le Pic Vert déconseille leur utilisation : lorsque les filets sont vides les oiseaux peuvent y rester piégés en se prenant la patte dans les mailles et les filets jetables vides s'envolent facilement et polluent)
  • une vieille souche (l'option préférée de l'association) : un tronc creux, une souche couverte de mousse et de lichen disposant de trous naturels ou artificiels fera très bien l'affaire et vous permettra de ne pas trop modifier le comportement de recherche de nourriture des oiseaux tout en vous permettant des photos dans un cadre naturel.

Entretien

Nettoyer régulièrement vos mangeoires : certains oiseaux défèquent en effet là où ils mangent. Celles en plastique sont plus faciles à nettoyer que celles en bois, et elles peuvent être désinfectées. Pour nettoyer vos mangeoires, placez-les dans un récipient rempli d'eau chaude, ajoutez deux verres de vinaigre, laissez tremper pendant 15 minutes. Frottez ensuite avec une brosse, puis laissez sécher au soleil, les rayons ultraviolets constituant un excellent désinfectant naturel. En fin de saison, désinfectez (privilégiez les produits naturels : vinaigre...) et rangez votre mangeoire.

Conseils de l'association

L'association Le Pic Vert approvisionne des mangeoires dans ses réserves de biodiversité de Rives (plaine de Bièvre), La Buisse (Le Grand Ratz), Le Grand-Lemps (Ilot nature) et Colombe (Gros Mollard). Vous trouverez leur localisation dans notre page "réserves". Un certain nombre d'espèces d'oiseaux et de mammifères vient à ces mangeoires équipées de cabanes d'observation confortables ouvertes au public. Profitez en !

Bibliographie :

©Thibaut ALVES ©Alexis CHAPUSOT